Citoyen du monde
Les philosophes « stoïciens » utilisaient l'expression « citoyen du monde » pour indiquer l'appartenance de tous les hommes à un même monde qui serait comme une grande cité. Ce qui incite à penser que le monde ne serait qu'une grande cité, et que les cités ne seraient que des petits mondes. Ainsi les hommes se libèreraient de leur espace-territoire, ethnique, culturel et politique.
« Je veux n’être jamais lié à aucun parti politique, quel qu’il soit, à aucune religion, à aucune secte, à aucune école ; ne jamais entrer dans aucune association professant certaines doctrines, ne m’incliner devant aucun dogme, devant aucune prime et aucun principe, et cela uniquement pour conserver le droit d’en dire du mal. »
Guy de Maupassant, Lettre à Catulle Mendès, Correspondance, tome I.
Cette partie de la lettre à Catulle Mendès, un écrivain oublié aujourd'hui qui incitait Maupassant à devenir Franc-Maçon, correspond assez à mon état d'esprit ! Rester libre sans aucune soumission de quelque nature… à qui ou quoi que ce soit !
Aujourd'hui, il s'agit davantage d'un idéal de liberté face — hélas ! — aux replis « identitaires » (revendication par une communauté de son identité supposée menacée) et autres « nationalismes » (politique chauvine et xénophobe qui revendique une nation sous toutes ses formes — État, culture, langue, religion, traditions, préférence nationale, …) qui renaissent sans cesse de cendres que l'on croyaient et voudraient à jamais froides. Citoyen du monde pourrait avoir comme définition : « Personne qui pense que les habitants de la Terre ne forment qu'un seul peuple, que les droits et les devoirs sont universels donc identiques pour tous et qui privilégie l'intérêt des différents habitants du monde par rapport aux bas petits intérêts nationaux ».
Dans le concept de citoyen du monde il n'y a pas de petits peuples — sous peuples, face aux grands et vastes états. Il n'ont pas à lutter pour préserver leur patrimoine linguistique, leur culture. Les autres sont comme eux, semblables à eux, ils peuvent se comprendre sans les barrières de langue, de traditions et rites plus ou moins archaïques ! Oui, mais de trop nombreux nationalistes identitaires soi disant « patriotes », obstinément xénophobes, s'évertuent à vouloir être différents du reste de l'humanité.
Il faut combattre avec vigueur ces esprits rabougris et étriqués ! Ils n'apportent rien d'autre que la haine, la stigmatisation des autres, au nom de la pérennisation existentielle de leur minuscule territoire.
Ils pensent que puisque le monde change vite fait, sans eux, c'est lui qui risque de les changer alors ils luttent crétinement pour que rien ne change !
Le monde change, rien ne sert de regarder en arrière, c'est devant et demain qu'il faut aller !
Le mot « Citoyen » vient du latin civis, celui qui a droit de cité. Le citoyen, à l'origine, est membre d’une cité-Etat grecque, qui disposait du droit de suffrage dans les assemblées publiques et participait aux décisions de la cité relatives aux lois, à la guerre, à la justice, à l'administration... Diogène le Cynique (environ 413-327 av J.-C.), élève de Socrate, clochard-philosophe à la destinée et aux idées peu banales, aurait répondu fièrement à celui qui lui demandait quelle était sa patrie «Je suis un citoyen du monde !».
En France, « citoyen » fut utilisé pendant la Révolution par opposition au mot « sujet » (de sa Majesté le Roi), ce qui permit de supprimer les notions de « hiérarchie sociétale »(*) et remplacer ces termes par « Monsieur », « Madame » et « Mademoiselle ».
ILS ONT ÉCRIT :
Sully Prudhomme
Je suis citoyen du monde, en tous lieux où la vie abonde, le sol m’est doux et l’homme cher ! Mon compatriote, c’est l’Homme.
Fénelon
Chacun doit infiniment plus au genre humain, qui est la grande patrie, qu'à la patrie particulière dans laquelle il est né.
Gustave Flaubert
Je ne suis pas plus moderne qu'ancien, pas plus Français que Chinois, et l'idée de la patrie c'est-à-dire l'obligation où l'on est de vivre sur un coin de terre marqué en rouge ou en bleu sur la carte et de détester les autres coins en vert ou en noir m'a paru toujours étroite, bornée et d'une stupidité féroce.
Ernest Renan
Une patrie est un ensemble de préjugés et d'idées arrêtées que l'humanité entière ne saurait accepter.
Cyrano de Bergerac
Un honnête homme n'est ni français, ni allemand, ni espagnol, il est Citoyen du Monde et sa patrie est partout.
J'adhère à ces différentes prises de position !
Après tout, dans nos tout petits états-nation étriqués et leurs dépendances, nous sommes tous plus ou moins descendants des hordes de sauvages (Goths, Visigoths, Vandales, Alamans, Allains, …) venus d'ailleurs — hors de nos limites frontalières actuelles ! —, qui ont pillé, violé puis se sont installés — sédentarisés ! — et continué à se reproduire sur les terres ainsi conquises… Ils n'avaient pas demandé la permission de résider !
Alors quand j'entends des abrutis hurler dans un stade — ou ailleurs — : « On est chez nous ! », ça me fait doucement marrer !
S'ils connaissaient leurs origines réelles lointaines… ils fermeraient leur clapet !
J'ajouterai que, l'article 13 de la déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948 (et aussi la convention européenne des droits de l'homme) va dans ce sens :
1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un État.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.
(*) Prince, Duc, Marquis, Comte, Vicomte, Baron, Banneret, Seigneur, Chevalier, Écuyer.
Dans cette hiérarchie sociale, l'honneur prenait autant de place que la richesse ! Les autres étaient des roturiers…