Ta main sur mon cul, ma main sur ta gueule !
Le titre reprend le slogan de « Colère : Nom féminin », un collectif de lutte contre ce fléau sociétal qu'est le harcèlement de rue subi par les femmes. Le message est clair.
Et c'est pour ça que je l'ai choisi !
Laura nous raconte la genèse de son projet.
L’idée m'est venue parce que l’année dernière, un mec m’a bousculée dans la rue et m’a gentiment appelée « viande à viol ». J’ai compris que les conneries du style « ça n'arrive qu’aux autres, dans une ruelle sombre un soir de pleine lune », c’est du flan !
Je me suis entourée de neuf nanas, des amies avec un grand A qui ont toutes de près ou de loin eu un rapport très désagréable avec le harcèlement de rue et surtout qui sont toutes autant « en colère » que moi sur le sujet.
Un sac, vendu par le collectif. Des tee shirts existent aussi…
Les dégâts du harcèlement et du cyber-harcèlement *
Depuis plusieurs mois, la presse ne parle plus que de ça !
Le cyber-harcèlement est défini comme « un acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d'individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l'encontre d'une victime qui ne peut facilement se défendre seule ».
Les formes sont variées : intimidations, insultes, moqueries, menaces en ligne, propagation de rumeurs, piratage de comptes et l’usurpation d’identité digitale, création d’un sujet de discussion, d’un groupe ou d’une page sur un réseau social à l’encontre d’un camarade de classe, publication d’une photo ou d’une vidéo de la victime en mauvaise posture, violence de couple, …
Je ne vais traiter ici, que le cyber-harcèlement à l'école, au collège et au lycée.
C'est le plus grave à mes yeux, ses conséquences sont terribles et dans certains cas peuvent, hélas, amener au suicide.
Car, le harceleur reste anonyme et agit via un pseudo, ne se dévoile jamais, ce qui augmente l’angoisse de la victime.
Ainsi, dès l’adolescence, certains jeunes vivent des expériences basées sur la violence. Ces jeunes ne sont pas toujours conscients de la relation de violence qui peut s’établir peu à peu. S’ils en ont conscience, il arrive qu’ils ne veuillent pas reconnaître le problème car ils ont trop honte.
Se taire, c’est prendre le risque que la violence empire !
Les conséquences sont trop souvent très graves, sur le bien-être et la santé mentale des victimes — mais aussi des agresseurs et des témoins (dépression, TOC, boulimie, tentatives de suicide).
Les jeunes victimes sont souvent également victimes de harcèlement au sein même de l’École.
40% des élèves disent avoir été victimes — par texto pour un élève sur cinq — d’une agression ou méchanceté, qui peut être suivi d’appels téléphoniques, humiliants. Ce sont les téléphones portables qui sont le moyen privilégié de l’agression. Les réseaux sociaux sont aussi largement utilisés : lynchage sur Facebook, Snapchat, publication de photos de gens nus, ou des montages moqueurs des gens, commentaires menaçants sur les blogs, … Les haceleurs ne savent plus ce qu’est la valeur d’un être humain. La souffrance de la victime, par téléphone et réseaux sociaux, n’est pas vue par le harceleur ce qui lui permet d’aller de plus en plus loin. Dans ces conditions, de nombreuses personnes délivrent des messages qu'elles n'oseraient jamais énoncer de vive voix à une personne en chair et en os, et à visage découvert !
Hélas, l’âge de début d’accès à internet se situe maintenant aux alentours de 9 ans ! Donc, rapidement, l’enfant va être équipé d'un ordinateur, un téléphone portable ou/et une tablette. Si bien que la maitrise technique de l’outil est réelle, mais en revanche ils ont une réelle méconnaissance des règles de fonctionnement ou des risques encourus. Les jeunes oublient souvent que sur Internet il faut adopter des règles de bon sens, des principes de précaution et surtout de respect de soi et des autres. Sur Internet et les téléphones, les jeunes se mettent trop facilement en scène : ils prennent des photos suggestives, filment des moments d’intimité, racontent leurs joies et leurs peines… ça a remplacé le journal intime d'antan ! L’effacement des frontières, entre le public et le privé, et pour les ados, entre l’école et la maison est une particularité de l’hyper-connexion. C'est une arme de destruction massive à la portée de tous.
Après la génération Y qui regroupe, les personnes nées entre 1980 et l'an 2000, puis la génération Z — utopistes peu dociles — qui lui a succédé, nous assistons à l'émergence de « La génération girafe » (la girafe est le mammifère qui dort le moins sur terre, elle surveille son environnement en permanence, dans l’attente d’un message, dans la crainte d’un danger), les ados et jeunes adultes sont pareils qui intègrent les appareils mobiles comme une seconde peau…
Au lycée, on se fait humilier ! Tous les jours mes bourreaux m'insultent …
Au point que de venir en cours devient un véritable calvaire…
Des insultes aux menaces, ce phénomène peut être fatal, comme l'a montré en 2013 l'exemple de Marion, une collégienne de 13 ans harcelée, qui s'est suicidée.
Cas concrets :
• Thomas, connaît le harcèlement en ligne, aussi bien que son avocat. En 2013, en plein débat sur le mariage gay, un de ses amis se fait tabasser dans la rue parce qu'il est homosexuel. L'étudiant prend publiquement sa défense sur Twitter. Rapidement, il est pris à partie par une petite bande de trolls : « trois ou quatre, très solidaires, et qui passaient leur temps à me traquer sur Twitter », se rappelle-t-il. L'un d'eux diffuse sa photo accompagnée d'une insulte. Ce jour-là, il reçoit 3 000 à 4 000 insultes d'un coup, son téléphone est saturé. Pendant ce temps, d'autres harceleurs se font passer pour lui sur Facebook et contactent ses amis pour glaner des informations : ils ont publié son adresse postale partout sur Internet. L'un des harceleurs – que Thomas a signalé 70 fois à Twitter France, mais qui recréait systématiquement un compte – le fait passer pour un pédophile et le signale à une association de défense des enfants. De retour à son domicile, Thomas découvre une lettre de menaces. Son école de commerce reçoit des appels où un inconnu prétend qu'il s'attaque à des mineurs. Dos au mur, Thomas choisit de mettre au courant l'administration. Mais Thomas ne s'est pas laissé abattre ! Pourtant, la chasse à l'homme a laissé des traces sur Internet. Il a dû se justifier auprès de son employeur sur plusieurs liens sur Google qui l'accusent de tous les maux. Thomas a bien pensé un moment à supprimer son compte Twitter, « mais ce serait accepter la défaite et l'impunité » des agresseurs, selon lui. Et, de toute façon, cela n'aurait pas mis fin à son calvaire. Il avoue avoir eu des idées suicidaires. Il avoue aussi avoir songé à se faire justice lui-même. Mais il s'est vite ravisé ! Il a préféré la voie du tribunal pour obtenir réparation. Par chance pour lui, ses harceleurs se sont peu à peu lassés de son cas.
• Alexandre, professeur d'une cinquantaine d'années se méfie de ses propres élèves ! Son supplice a commencé en 2012, lors d'une joute verbale avec des militants du Front national, sur Twitter. Insultes répétées, quotidiennes, de la part d'une dizaine de personnes extrêmement bien organisées, une d'entre elles adresse des mails à ses élèves. Puis, elle se rend devant l'école pour répandre la rumeur d'un professeur pédophile et, sous une fausse identité, un agresseur diffuse une photo de sa fille avec ses coordonnées ! Ils ont une capacité à trouver des informations très pointues », raconte le professeur. Il a ensuite fait une dépression.
• Raphaëlle, élève timide et effacée de classe de troisième, elle se sent mal acceptée dans « sa différence », alors elle décide de créer son blog.
Elle y raconte son quotidien, ses sorties, ses vacances, ses amis et ses états d'âme. Il s'agit pour elle de « se construire une autre image » et de montrer une facette décalée et séduisante d'elle-même. C'est à cause de ce besoin de plaire, que ses « camarades » de classe puiseront le levier de leur haine.
Peu après, elle reçoit un premier commentaire. Puis deux. Puis trois. Puis une centaine par jour.
Au bout de quelques jours, c'est un déferlement incessant de commentaires haineux provenant d'une quinzaine d'élèves qui envahit le blog. Tout y passe. Remarques blessantes sur son physique, sur ses goûts, sur ses tenues, sur ses amis. Et ces humiliations, parfaitement assumées par leurs auteurs qui, l'effet « bande » aidant, se vautrent dans leur désir de prédation, décuplent la terreur de leur proie. Elle sait qui l'attaque, lui crache dessus, elle imagine leurs visages à travers l'écran. Les imagine avec des couteaux ensanglantés tous réunis autour du même écran en train de rire jusqu'à en pleurer en se moquant d'elle. On lui dit qu'elle est grosse, obèse, qu'elle a une sale gueule avec ses lunettes, qu'elle a d'énormes bourrelets et que sa graisse déborde… Et enfin, ce commentaire qui tue : « Mais va te SUICIDER ! »
Elle s'enferme alors dans sa tristesse et rumine ses frustrations, jusqu'à ce que sa mère apprenne — d'une camarade de classe — ce qui la ronge. Après deux tentatives de suicide, elle quittera définitivement l'école après de vains essais d'en changer.
* Que veut dire « cyber » ?
C'est un préfixe, à la mode, dont l'usage est consécutif au développement de l'informatique, tiré du mot grec « Kubernêtikê » signifiant « gouvernail ».
On le trouve dans beaucoup d’expressions, telles :
Cyberattaque, Cybercafé, Cybercrime, Cyberculture, Cyberespace, Cybernétique, Cybersécurité, …